Guerrier de lumière, limites du modèle et déni de soi

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27 août 2019

Virginie Crouzat

Terme en vogue dans les milieux spirituels, le guerrier de lumière est un être éveillé, engagé, et conscient des mouvements qui agitent l’humanité et qui vivent en lui.

 

Qui est le guerrier de lumière?

Il a connaissance des lois qui régissent le réel. Il regarde le monde avec clarté, ignorant l’illusion et le rêve avec lesquels l’humanité se débat. Il travaille au quotidien à amener du mieux, du meilleur.

Il sert la lumière :

=> il aide les gens qui le désirent à guérir de leurs maladies, à se libérer de leurs schémas, à soigner leurs lignées ou leur émotionnel

=> il intervient sur les lieux afin de rétablir les équilibres et d’établir partout une polarité positive, bénéfique à la vie

=> il fait passer les âmes 🧖‍♀️qui ont besoin d’aide et combat les entités qui nuisent à l’humain et au vivant en général

=> de plus, sachant que ce qui est en haut est en bas, et que ce qui est dedans est dehors, il lutte contre les mouvements intérieurs de colère, jalousie, malveillance, déresponsabilisation… Il bannit les paroles et pensées qui relèvent de ces schémas afin de faire naître en lui ce qu’il souhaite voir dans le monde : bienveillance, harmonie, amour, lumière, douceur

 

Chemin d’évolution

Ce positionnement permet d’aller vers le monde et vers les autres, de se découvrir soi et d’explorer son potentiel de grandeur et de lumière.

C’est un rôle socialement acceptable (et donc intérieurement accepté) parce qu’il est tourné vers l’autre. Il pousse à se dépasser soi, à surmonter ses propres limites, croyances, schémas, en apportant une conscience plus vaste. Il connecte au merveilleux, au monde des esprits de la nature 🧚‍♀️, des êtres de lumière, intra- et extraterrestres, à l’incroyable richesse et intelligence des phénomènes géobiologiques de la Terre, aux potentialités de nos propres canaux de guérison tout comme à l’extraordinaire capacité humaine à fonctionner en dépit de tout ce qui est mal câblé ou posé de travers.

C’est une ouverture aux trésors du vivant, en soi et au-dehors.

 

Limites du modèle

Le modèle porte toutefois en lui ses propres limites. Une fois comprises, elles sont vouées à être dépassées.

🔴 Nous générons l’expérience correspondant à nos croyances. Le positionnement guerrier demande et génère un « ennemi », intérieur ou extérieur.
Les attaques vécues, réelles, viennent corroborer et valider le personnage du guerrier. Il s’agit d’entités négatives de toutes sortes, de magies, malédictions, possessions etc.
Quant à l’ennemi intérieur, il sera figuré par l’enfant intérieur blessé et meurtri ou sidéré, par le père maltraitant, par l’arrière-grand-père inconstant qui a abandonné sa famille, et même par l’ensemble de l’héritage socio-culturel – jusqu’aux diktats judéo-chrétiens ancrés depuis 2 millénaires dans l’inconscient collectif.

🔴 Tout ceci est posé sur un déni global des imperfections, des errements – ou jugés comme tels – qui traversent le guerrier de lumière et vivent en lui. Les défauts du personnage sont extériorisés (« Cette incapacité à avoir confiance en moi, c’est la faute de ma mère et je dois m’en défaire, ce n’est pas qui je suis vraiment »).
Or qui sommes-nous réellement, si ce n’est la somme de toutes les merveilles et les laideurs qui nous composent, et que nous avons accepté comme nôtres?
=> Ce qui nous compose doit être vécu pour être intégré. Je ne peux pas savoir que je suis courageuse avant d’en avoir fait l’expérience, je ne peux pas savoir que je suis faible avant de l’avoir ressenti au plus profond de mes tripes. Un vécu intégré redonne du libre-arbitre, la notion de choix réapparaît : je suis faible et forte à la fois, et lorsque j’accueille les 2 en moi, j’ouvre la possibilité de choisir comment je vais me positionner à la prochaine occasion. Choisir qui on veut être, redevenir créateurs de notre expérience, cela ne peut se faire qui si on accepte de parcourir ce chemin. Le choix ne peut pas être posé sur un déni. Et pour sortir du déni, on ne peut pas faire l’économie de l’expérience. On ne devient pas maître ascensionné en le décidant, mais en explorant et traversant d’abord nos parts les plus sombres et les plus cachées.

 

Quête de sens et ego spirituel

Il est d’autant plus ardu de sortir du personnage ainsi créé qu’il donne un sens à notre existence. L’être humain que nous étions, sans grande envergure et sans raison d’être, se voit remplacé par un magnifique guerrier drapé dans son utilité pour le collectif, pour la Vie même 🦹

Tout prend sens ; notre histoire de vie (celle que nous nous racontons et présentons aux autres), basée sur les souffrances endurées pour en arriver là, devient parcours héroïque 🏆

Or nous savons (de façon totalement inconsciente) qu’un truc sonne faux chez nous, qu’il y a encore de l’ombre, même si on ne la voit pas. Alors on met les bouchées doubles pour alimenter le personnage du sauveur en affichant cette indispensable perfection de façade (en premier lieu vis-à-vis de soi : nous sommes le dindon de notre propre farce). Et nous créons sans cesse un nouvel ennemi à combattre, afin que s’éloigne le spectre de la souffrance qui hante notre intérieur et demanderait une plongée en nous absolument flippante.
La posture nous va bien, nous valorise mieux que n’ont su le faire des parents imparfaits ou la société castratrice. Notre existence même a acquis une valeur propre.

Le guerrier de lumière est un archétype qui ne laisse pas place aux manques de clarté, aux rancoeurs persistantes, aux bassesses, à l’égoïsme. Or nous sommes tout cela. Et son contraire. C’est la nature du jeu que nous avons tous choisi. Parce que seule la polarité permet un tel libre-arbitre, et que c’est une voie d’expérimentation magnifique. Voie que nous ne pouvons emprunter que si nous nous sortons la tête du sable (et les doigts du c**).
C’est pour cela que nos parts sombres ont elles aussi droit de cité. Qu’elles soient reconnues, acceptées, aimées même parfois (parce qu’elles parlent de nos blessures, de nos fragilités, de là où nous sommes sensibles), nous permet de les vivre en conscience. Elles font partie de l’expérience, de la personne merveilleuse et unique que nous sommes. Elles indiquent qui nous sommes, au même titre que nos parts « lumineuses ». Ces polarisations « positives » et « négatives » ne signifient rien pour l’âme pour qui tout a autant de valeur, de saveur.
Le déni entrave l’expérience. Ou plutôt, le déni devient l’expérience (et il a bien entendu sa propre « valeur ajoutée »). Avec une sensation de vide à combler qui conduit à un emballement du processus : si le personnage s’écroule, nous avons la sensation que nous n’y survivrons pas. C’est l’ego spirituel.

Il devient impossible dès lors d’éviter le déni. Au lieu de nous sauver nous-même, en nous accueillant tel-le que nous sommes, nous cherchons à sauver le monde en cultivant cette apparente perfection. Comme si l’injonction judéo-chrétienne d’altruisme nous empêchait de nous sentir digne de notre propre aide, de notre propre attention, comme si l’on ne pouvait s’autoriser à briller et à être magnifique que pour servir une noble cause, extérieure à soi. Ne peut-on briller déjà pour soi? ✨ S’aimer soi d’un amour parfait et complet avant de vouloir aimer et sauver son prochain?

 

Laisser briller toutes les parts de soi

Accepter sa petitesse, c’est aussi accepter sa grandeur et cesser de chercher à la prouver ou la justifier. La conscientisation, l’accueil non-jugeant de soi, l’acceptation, sont des ressentis d’une force peu commune. Ils ancrent dans le réel et dans la vie, au lieu de nous percher. Ils nous permettent d’intégrer la vie spirituelle et la vie quotidienne, faisant de l’ensemble un terrain de jeux infinis. Ils apportent le plaisir, plaisir d’être et de vivre (même dans l’émotion forte, même dans la souffrance). Ils induisent la liberté de poser et vivre nos propres choix, sans jugement moral mais en lien avec nos désirs, notre volonté, notre éthique personnelle.

L’ancien président américain Donald Trump en est un excellent exemple : pour lui, c’est ‘Tout pour moi, rien pour les autres ». C’est son credo. Si un tel choix est posé clairement et en accord entre notre conscient et notre inconscient, l’expérience devient jouissive et aucunement culpabilisante. Si notre credo est « Partager pour grandir ensemble », ça fonctionne aussi, et avec la même intensité. Et lorsque le chemin est basé sur la totalité de ce que nous sommes (petit et grand, ombre et lumière), alors nous entrons dans une autre forme d’expérience de la Vie.

 

To-do list pour plonger dans l’Expérience

  • Accepter l’émotion qui nous traverse, la vivre intensément, et accueillir l’expérience qui va avec
  • S’accueillir soi-même, imparfait (petit rappel : nous passons notre vie entière à aimer des gens manifestement imparfaits, à être touché-e-s par leur humanité et leur beauté, alors que ne pouvons-nous nous offrir d’abord ce cadeau à nous-même?)
  • Poser nos propres choix, non pas en fonction de critères moraux, extérieurs et consensuels, mais en fonction de ce qui nous anime et nous procure du plaisir (par exemple, je choisis de partager ici, non pas parce que c’est bien, utile ou « gentil », mais parce que ça me fait kiffer)
  • S’ouvrir au monde ainsi et laisser les autres, comme nous-mêmes (voir point 2 ci-dessus pour les plus distraits 😉 ), nous aimer pour ce que nous sommes réellement

Ce qui est observé quand on pratique tout cela au quotidien, c’est la disparition de l’envie de se poser en sauveur. Cela implique un réajustement de notre rapport aux autres :

=> nous aidons si nous en avons envie mais sans enjeu identitaire (posé en survie sur l’ego spirituel)

=> nous reprenons notre liberté de choix et surtout, surtout, le plaisir et la jouissance d’être soi dans le lien au monde

=> nous pouvons alors, si nous le souhaitons, utiliser les outils merveilleux acquis sur ce chemin pour soutenir l’évolution du vivant.

Et l’enjeu/le jeu a changé : il ne s’agit plus de maintenir un personnage fictif mais de se découvrir et de se vivre dans le lien à l’autre et la co-évolution.